plages brûlantes

je veux tomber comme la pluie sur des plages brûlantes

l’art du désoeuvrement

l’art du désoeuvrement

il t’a déjà dit qu’il t’aimait?

M. – il t’a déjà dit qu’il t’aimait?
M. – si tu penses à “je t’aime”. Non.
Jamais.
M. – et des formules plus floues, moins faites
M. – n’attend rien de lui. Il ne manie pas les mots. N’utilise pas les mots d’amour. Impossible de lui reprocher d’être un beau parleur.
M. – tu as souffert de cette absence comme je souffre.
Comme je souffre.
M. – on souffre seul. Je veux dire. On choisit d’aimer. On choisit de souffrir. Ses bras sont là alors on ne pense pas.
M. – ça nous réveille la nuit le sentiment d’inconfort. Quand arrive l’ennui?
M. – il ne vient pas. On ne finit jamais d’aimer. Mais on part.
On part et on souffre encore.
M. – pour où? Pour quels autres bras? Pour qui?
M. – on fait l’erreur de partir pour un autre que pour soi. On cherche la douceur d’un autre corps pour sauver sa peau. Mais on ne sauve rien.
M. – il y a des jours où on n’y pense plus?
M. – c’est toujours tapi au fond de l’esprit dans le noir comme en pleine lumière.
M. – dis moi que je partirais
M. – tu partiras
comme je suis partie. En l’aimant.

si seulement tu m’avais

comme si ça n’était pas la bonne version de l’histoire. comme si un rush était perdu et que sa perte avait changé le scénario. ça aurait pu être… on aurait pu… j’aurais été… tu m’aurais… si seulement tu m’avais…

tu m’as menti

M. – Tu m’as menti. En fait ça ne s’est pas du tout passé comme ça pour toi.
M. – Oui. Pardon

l’amant chinois

Il était là, grand, dans un pantalon large à pince et une chemise blanche. Il s’est penché vers moi dans l’encadrement d’une porte vitrée et m’a assuré malgré la présence d’autres personnes autour, que ça n’était pas une blague. Il a dit : ça n’est pas une blague. Marions-nous.
Il était grand et anguleux. Trop maigre dans ce costume large dont je l’avais affublé. Je pouvais presque sentir son odeur quand il s’est penché sur moi pour me dire qu’il ne s’agissait pas, en réalité, d’une blague. Ces cheveux ne bougeaient pas dans son mouvement avant. Ils étaient fixés en arrière comme si ils avaient été gominés. Ils ne l’ont jamais été.

fleur de cognassier

Je glisserai au dessus de ton oreille une fleur de cognassier. Il aura plein de fruit cette année encore. Je passerai mes doigts contre ta tempe passant une mèche de tes cheveux derrière. ma main s’éloignera et tu glisseras ta joue dedans pour une dernière caresse.
la solitude. je veux la solitude.
la tendresse. je veux la tendresse.

l’image possible

comme ici au bord de la route, les collines derrière, cette image possible me happe.

le loup

-J’ai peur de l’autoroute et des étoiles, dit le loup.
L’agneau tétanisé par la présence du loup dans son enclos n’a rien pu répondre.

c’était grandiose

C’était grandiose
On a construit des cabanes. On a démonté des cabanes. On a vu des collines d’ardoises. On a traversé les haies d’épines. On a surplombé des carrières remplies d’eau. On a ouvert des chardons pour récolter les graines. On s’est couchés sous un drap blanc, les corps plats à côté.