Clara

Clara trouve mes histoires d’amour intéressantes. Elle trouve que j’ai un romantisme intarissable, tragique et brut. Elle dit qu’elle apprend des trucs avec moi. Elle trouve que ma recherche artistique se mélange et se lie à ma quête de l’amour. Mes relations amoureuses comme œuvre. Elle dit qu’il faudrait juste que je trouve la bonne forme pour rendre tout ça visible, lisible. Rendre tout ça au monde.
Au commun de nos existences uniques et confondues.

le repas, le repos

J’ai jardiné tout l’après-midi. Je m’aperçois que j’aime ça plus que tout. Quand je fais ca je me sens puissante, si forte. Je ne réfléchis plus. Je ne pense à rien d’autre que remuer la terre, que couper les branches, avancer et reculer la tondeuse. Et puis ressentir cette fatigue qui tétanise le corps paralyse l’esprit. Le repas, le repos.

colza

Il pinçait du bout de ses doigts doucement une pâquerette.
Le temps était gris et lourd comme l’attente d’un été qui s’effondre en pluie chaude sur la terre sèche. Il a fait le tour du rocher au milieu du champs de colza en fleur. Il observait le sol tout autour puis il a relevé sa tête et a plongé son regard dans le mien. Profondément, comme on assassine.

mauvaise nouvelle

Il s’est imposé à moi comme une mauvaise nouvelle.
Il lui tenait à cœur de passer du temps avec moi. Tout notre temps ensemble. Pour que nous soyons liés dans nos habitudes, nos besoins les plus rudimentaires, et que chaque tâche, chaque nécessité soient associées à sa présence. C’est une forme de manipulation. J’entends encore ce qu’il me disait – l’amour prend forme par le temps qu’on passe à se le partager.
L’amour résiderait-il alors dans le quotidien et non dans l’évènement comme on le fantasme? Il ne serait pas une construction mentale mais physique et matérielle..
Dissociés l’un de l’autre et loin, le souvenir d’une caresse gardera-t-il sa couleur rouge

cet abandon à nous même

cet abandon à nous même

idiote

“ – Parfois je dis des choses. Des choses idiotes qui me font sentir idiote. Pas tout de suite, non. Non à cet instant là je suis possédée par l’idiotie. Je ne m’en aperçois pas tout de suite. Non, parfois c’est long. Ça m’apparaît le soir, avant l’endormissement, quelques jours plus tard. Je me sens idiote. Et je n’en dors pas.
– Tu sais, il faut tricher.
– Tricher?
– Oui. Tu fais semblant de ne l’avoir jamais dit et ça te calme. ”

compte fil

Il a déplié le compte fil sur la table. il a vu à travers la lentille le grain de la nappe en papier qui recouvrait le bois. il a regardé les veines du bois. il était loin du printemps où ils avaient dégusté sous le grand arbre, la chair délicieuse de deux nèfles. Dans leurs sourires glissaient le jus sucré du fruit, et le soleil perçant leurs yeux, ils se contemplaient en miroir. Lentille miroir, projection inversée. hiver, été.

travail sur l’ennui

Travail sur l’ennui.
Le feu. L’ennui

M

Ma très chère M,
J’aurais voulu que tu sois près de moi pour vivre les belles peintures à Nice et à Antibes. Un jour peut-être on ira ensemble à Nice. On en profitera pour visiter l’église russe et pour se baigner près des rochers du cap d’Antibes. On picniquera au crépuscule.
Je t’embrasse. M.

tes yeux

Oh tes yeux. Sur cette photo, l’amour traversant l’objectif de ma caméra et les années, ce soir en te voyant image fixe je me souviens images mouvements une vie à deux, ton amour ma tendresse, plus jeunes encore.