Hurler Laura

On ne veut vivre les choses qu’intensément, à vouloir voir nos vies comme dans les films. On se précipite, on se passionne, on se raconte des histoires.
On se scénarise, les autres font parti de notre mise en scène.
Personnage principal, on existe par les autres.
J’entend encore hurler Laura, impatiente, déchainée dans sa torpeur quotidienne, j’entend ses cris d’ennui, sa lassitude. Elle veut être surprise. Elle veut que sa vie change, que ça bouge.Elle attend la fureur de vivre.

images baryté

Il y a des visages qui accrochent le regard.
Je ne le vois plus, je ne le connais plus, je me demande même si nous nous sommes connus, si nous avons réellement eu cette intimité dont je crois me souvenir. La photo encore latente dans le révélateur m’émeut, c’est ce portrait de lui, cette image que je garde. Je le possède. Son image c’est l’entourer d’un récit. J’ai la beauté de ses yeux, la trajectoire de son regard, le dessin de ses traits, presque la chaleur de son corps.
Les images sur baryté s’agrègent à la surface du bac de rinçage.

danser

Je me souviens avoir aimé danser avec toi et t’embrasser dans l’obscurité devant tout le monde.

Quatres photographies

Quatre photographies rassemblées.
Quatre photographies proposant chacune leur propre histoire. Rassembler quatre photographies se serait alors rassembler leurs histoires, induire une séquence, provoquer leur rencontre, les faire communiquer, les scénariser.
Ce qui m’intéresse ce sont les potentialités d’histoires proposées par les différents montages ; la pluralité des liens possibles entre les images, des possibles lectures de l’image et des images entre elles.
Ce n’est pas le contenu de chaque photographie qui raconte l’histoire mais
le fait de les assembler. Ce n’est pas le contenu qui prime mais ceux qui restent possibles. Donner une narration à ces quatre photos tuerait les possibles.
Ferait taire les récits, exclurait par le choix d’une seule histoire, par une histoire exclusive. Laisser l’image autonome ou le corpus des quatre autonome, sans béquille, sans narration ajoutée c’est conserver ce qui pourrait exister, ce qui existe, ce qui n’existera pas, ce qui n’existerait plus si.
Où se trouve la qualité narrative de l’image? L’histoire d’une photographie est-elle contrainte par l’interprétation du sujet représente? Qu’est-ce qu’une image sans histoire? La photographie serait un objet vide, vidée de narration par le commun de la représentation, par le déjà vu. La possible singularité du sujet renvoie à
ce qui est commun, à la trivialité de la photographie.
—.L’unique vérité d’une photographie ne se trouve pas dans ce qu’elle représente mais dans sa matérialité ; l’objet tangible.Tous récits seraient ctions, fantasmes. Dans la construction d’un récit de quatre images, le fantasme fermerait les images.

ignorant l’écart

J’aurais été amoureuse de toi quelques heures.
Ignorant l’écart, nos différences.
Submergée par une vague de chaleur quand tu t’approchais de moi.
Irrésistible sentiment venant comme un héros, rendre cet échange sensé, effaçant miraculeusement les stigmates de l’amour passé.

mes mots d’amour

Comme si les mots d’amour, mes écrits mes peines n’appartenaient qu’à ce premier amour et trouveraient pour seul destinataire un ancien amant.
Une impression de déjà vu ou plutôt déjà écrit. Les mots d’amour se cognent à une indifférence, ils ne raisonnent pas comme au passé, dans l’écho d’un amour réciproque. Comme si mes mots d’amour étaient déjà des souvenirs.

être avec quelqu’un

Pourquoi ne pas essayer autre chose avec quelqu’un d’autre?

En plein chassé croisé, juillettistes donnent le relais aux aoutiens et je me trouve saisie d’une inertie, prise par le temps, le gouffre de la recherche, de la réflexion, lectures et écritures s’ouvrent sous moi.
L’œil peine à lire une phrase de plus de douze centimètres.

Tiens c’est drôle on dit: être avec quelqu’un

Je m’étonnais même dans tes baisers

Je m’étonnais même dans tes baisers, dans tes yeux, de sentir le feu. J’ai vu la fumée. Impossible de nier. Maintenant ce serait mentir de ne pas parler d’amour. Être amoureux ça se choisit, on choisit d’aimer comme on choisit de désaimer.*
Tu laisses dormir des braises, tu tentes de les étouffer. Je crois les entendre frémir. Elles frémissent sans cesse. J’aimerais pouvoir rester là, la bouche pleine
de cendres.

* Comme le dit Nana à sa copine Yvette
dans Vivre sa vie de JLG: “on est toujours responsables de ce qu’on fait et libres; tu lèves la main– je suis responsable.
Tu tournes la tête à droite – je suis responsable. Je suis malheureuse– je suis responsable.
Je fume une cigarette – je suis responsable. J’oublie que je suis responsable mais je le suis. Non, c’est ce que je disais: pour moi s’évader c’est une blague. Après tout, tout est beau. Il n’y a qu’à y s’intéresser aux choses et de les trouver belles.(…)”

19 juillet

19 juillet

je n’ai pas reconnu cette plage familière où nous avions campé
j’y allais comme un pèlerin, pour continuer mes projets. Après de longues heures de marche, je découvre sous le soleil, avec déception, la marée haute, le sol plein de rochers ronds.
décor changé. Attendant le retrait de la mer, je recherche les rochers sur lesquels j’ai pu monté autrefois. je crois les reconnaître mais non. sûrement trop fantasmés. Je rentre en ayant seulement trouvé ennui et regret

oui hier soir

oui hier soir. Je t’ai tout mis dans la lettre. Parfois je me demande si ce que je vis n’est pas seulement pour être écrit sur du papier ivoire